Il existe deux points de vue principaux sur la signification de l’expression les prophètes
. Certains commentateurs considèrent que Paul fait référence aux prophètes chrétiens, tandis que d’autres pensent qu’il fait référence aux prophètes de l’Ancien Testament.
Selon la première opinion, les premiers martyrs chrétiens, comme Étienne et Jacques, auraient été considérés comme des prophètes, et l’ordre des termes employés par Paul — Jésus et les prophètes — indique que Paul pensait aux prophètes qui sont venus après Jésus. Étant donné que les prophètes étaient bien connus dans l’Église du Nouveau Testament et que certains dirigeants de l’Église étaient connus comme prophètes, cette interprétation doit être considérée comme une possibilité (voir, par exemple, Actes 11:27; Actes 13:1; Actes 15:32; Actes 21:10; 1 Corinthiens 12:28; Éphésiens 2:20; Éphésiens 3:5; Éphésiens 4:11). Les tenants de ce point de vue sont souvent motivés par le désir de limiter les Juifs (1 Thessaloniciens 2:14) à un groupe aussi restreint que possible, et d’éloigner ainsi ce passage de tout sentiment d’antisémitisme. En interprétant les prophètes comme des prophètes chrétiens, les personnes ayant vécu avant l’époque du Nouveau Testament sont exclues des Juifs; les Juifs sont alors compris comme un groupe plus limité.1,2
Les spécialistes qui privilégient la seconde interprétation se réfèrent à une tradition biblique qui porte sur la persécution et l’assassinat des prophètes de Dieu. Cette tradition remonte à l’époque d’Élie et est répétée à de nombreuses reprises dans l’Ancien Testament (1 Rois 18:4; 1 Rois 19:9–19; 2 Rois 17:13–18; 2 Chroniques 24:19–21; 2 Chroniques 36:15–16; Néhémie 9:17; Néhémie 9:30; Jérémie 2:30; Jérémie 26:8, Jérémie 26:20–23). Elle est reprise par Jésus (Matthieu 23:29–37) et mentionnée fréquemment dans les Évangiles, ainsi que par Étienne juste avant son martyre (Matthieu 5:12; Luc 4:24; Luc 6:23; Luc 11:47–51; Luc 13:33–34; Actes 7:52). Malherbe souligne qu’il existe des similitudes évidentes entre le langage de cette tradition et la terminologie que Paul utilise dans ce passage, ce qui rend très probable le fait que Paul s’inspire ici de la tradition.3 Une telle interprétation serait cohérente avec les avertissements précédents de Paul aux Thessaloniciens, selon lesquels ils souffriraient effectivement pour leur foi en Christ (1 Thessaloniciens 3:4), puisque ces mêmes avertissements pourraient également avoir été basés (au moins en partie) sur cette tradition.
Tout bien considéré, la seconde interprétation semble plus probable que la première, à la fois pour des raisons techniques (similitude de terminologie, termes non pauliniens) et pour des raisons contextuelles (elle aide les Thessaloniciens à comprendre qu’ils font partie d’une longue tradition de serviteurs de Dieu persécutés).4,5 On pourrait cependant comprendre les prophètes comme incluant les prophètes du Nouveau Testament qui, comme les prophètes de l’Ancien Testament, ont été persécutés pour leur fidélité en tant que messagers de Dieu. Cette conception élargie des prophètes est étayée par Matthieu 23:34, où Jésus reprend la tradition de la persécution et qualifie ses propres messagers de prophètes.
15 qui ont fait mourir le Seigneur Jésus et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes,