Selon certaines traductions (par exemple la Bible du Semeur), ces mots renvoient à la diffusion de l’Évangile du Christ, mais il s’agit d’une interprétation des mots originaux, qui sont simplement dans l’Évangile de Christ
. Les traducteurs de la Bible du Semeur ont traduit cette locution de manière à laisser entendre que l’œuvre évangélique à laquelle participait Timothée était l’œuvre d’évangélisation.1 Cependant, dans l’esprit de Paul, toute l’œuvre du ministère — qu’elle vise à la conversion ou à la croissance chrétienne — était œuvre de l’Évangile (voir Romains 1:1–5). Ainsi, Timothée était ouvrier avec Dieu dans l’Évangile de Christ. En liant ainsi l’idée d’être ouvrier avec Dieu
à celle de l’Évangile, Paul nous amène au cœur de sa compréhension du ministère et de l’œuvre salvatrice de Dieu. Il est utile de développer brièvement ce point.
Pour Paul, l’Évangile est le message de l’œuvre salvatrice de Dieu en Christ (Romains 1:2–4). L’Évangile proclame la venue du Christ dans le monde pour inaugurer la nouvelle ère de salut annoncée dans l’Ancien Testament. Cette ère est caractérisée par l’action nouvelle et puissante de Dieu en Christ pour accomplir tout ce qui avait été espéré pendant toute la période de l’Ancien Testament (2 Corinthiens 5:17). Les êtres humains reçoivent le salut de Dieu et participent à l’ère nouvelle par la foi au Christ tel qu’il est présenté dans l’Évangile. Bien que l’Évangile soit proclamé par des personnes, il s’agit en fait d’un message divin et Dieu est puissamment à l’œuvre par son moyen. Par l’Évangile, il appelle les humains au Christ et les transforme à son image. C’est pourquoi Paul déclare : Je n’ai point honte de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit
(Romains 1:16).
Le caractère du ministère de l’Évangile découle de la nature même de l’Évangile. Au moment où Paul écrivait les paroles de 1 Thessaloniciens 3:1–13, il était engagé dans la prédication de l’Évangile à Corinthe, prédication qu’il a décrit plus tard en disant : Je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié… afin que votre foi soit fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu
(1 Corinthiens 2:2–5). La prédication de l’Évangile est donc un événement dans lequel le travail de l’homme et la puissance de Dieu s’unissent d’une manière remarquable qui est clairement et puissamment décrite dans 2 Corinthiens 5:18–6:1:
Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ, et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu! Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain
(Nouvelle édition de Genève 1979).
En décrivant Timothée comme ouvrier avec Dieu dans l’Évangile de Christ
, Paul montre qu’il attend de Timothée qu’il fasse à Thessalonique ce qu’il faisait lui-même à Corinthe : il devait prêcher l’Évangile du Christ de manière à ce que la puissance salvatrice de Dieu soit active dans la vie des croyants thessaloniciens. Bien que de nombreux interprètes de Paul aient été mal à l’aise avec l’idée que Timothée soit ouvrier avec Dieu, ce concept est en fait au cœur du ministère de l’Évangile tel que Paul le concevait.
2 nous envoyâmes Timothée, notre frère, ministre de Dieu dans l'Evangile de Christ, pour vous affermir et vous exhorter au sujet de votre foi,